Les états généraux de la fête

Publié le : 10 septembre 20184 mins de lecture

Septembre 2004, les traditionnelles sorties du jeudi soir des étudiants renais prennent une tournure inhabituelle. Le quartier Ste Anne (rue St Michel, dite la Rue de la soif, place St Michel, place Ste Anne) devient, après la fermeture des bars à 1h du matin, le théâtre d’une fête nocturne improvisée et gratuite, sans d’autre sens que de prolonger la soirée au-delà d’une heure, entre jeunes.

le monde bernadette

La municipalité émet un décret interdisant le transport d’alcool dans le centre ville le jeudi soir. La Préfète, Bernadette Malgorn réagit fermement après quelques semaines de troubles nocturnes, en envoyant des compagnies de CRS chaque jeudi soir, nettoyer les rues du centre ville après 1h du matin (voir article du Monde). Le dialogue entre municipalité socialiste et la Préfète, proche du ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, est très tendue. Les jeunes en font les frais, ils se sentent stigmatisés par tant de déploiement de forces les soirs de leur fête hebdomadaire. Le rendez-vous du jeudi soir prend des proportions incontrôlées, notamment avec l’interdiction en 2004 et 2005 du traditionnel Tecknival Off des Transmusicales début décembre. Ce sont alors des milliers de teufeurs en colère qui envahissent le centre ville, se confrontant la nuit aux forces de l’ordre.

Dès octobre 2004, la commission de défense des Cafés-concerts du Jardin Moderne (équipement culturel rennais destiné aux musiques actuelles, gérée par un collectif d’acteurs) prend conscience de l’ampleur prise par ce qui est devenue en quelques semaines, une contestation improvisée des jeunes revendiquant leur droit à faire la fête. La commission, présidée par Benoît Careil, décide de proposer aux acteurs culturels rennais d’organiser des Etats Généraux de la Fête afin de débattre sur la place publique de la place de la fête à Rennes, et d’interpeller la Ville sur le nombre insuffisant de lieux de fêtes. Un collectif d’un quarantaine d’acteurs culturels, gérants de bars et discothèques, membres d’associations de prévention, et de sociologues se réunit régulièrement pour préparer ce rendez-vous citoyen.

état

 

Les Etats Généraux de la Fête ont lieu les 14 et 15 Mai 2005, Salle de la Cité à Rennes. Ils rassemblent près de 150 personnes, avec des intervenants rennais, ex-rennais, scientifiques, intellectuels, professionnels de la fête… Quatre ateliers-débats se succèdent animés par Gilles Kerdreux, Nicolas Fily et Benoît Careil :

  • La fête est-elle une nécessite ? avec Christophe Moreau, sociologue, Albert Calipel , de l’Orange Bleue, association de prévention des risques dans les free parties, Jean-Michel Lancelot, créateur des Folies rennaises et ex-gérant du Bar l’Ozone, Hervé Bordier, créateur des Transmusicales, coordinateur de la Fête de la musique en France
  • La fête est-elle une nuisance ? avec André Sauvage, sociologue, Hervé Bordier, Thierry Ménager, directeur de l’Antipode/MJC Cleunay etGwen Hamdi du CRIJ Bretagne
  • Le cadre légal de la fête avec Christophe Massiot de Korn’g Héol, collectif des sound system de l’ouest, Karl Seguin, gérant du bar électro Le Chantier et Jacques Abalain, organisateur de concerts et de festivals dans le Finistère
  • La fête révélateur de la société avec Isabelle Garat, géographe, Christophe Huon, membre de l’Elaboratoire, collectif rennais d’artistes et coordinateur de teknival, Philippe Tournedouet, gérant du bar Le Bistrot de la Cité et Jean-Michel Lancelot.

Plan du site